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28 décembre 2005

A la dérive...

Un beau matin d’août, nous voilà partis, Pierre, Christian (dit "Sumô", un ami de Villeneuve Loubet, près de Nice, dans les Alpes-Maritimes) et moi, votre narrateur.

Le Sprinto est un bon dériveur. J’avais déjà eu l’occasion de me faire, de nous faire, à deux, Pierre et moi, des frayeurs par force 5, lors de notre première tentative sportive qui ne dura qu’un petit quart d’heure, de l’autre côté de la jetée du port.

Nous avions même eu tous les ennuis possibles avec le petit moteur hors bord juché à l’arrière du monotype. Tant et si bien que nous eûmes, ce jour là, le privilège d’entendre la douce voix de mademoiselle Henri, Isa, pour les intimes, amplifiée par un méga-mégaphone, nous héler sur un ton péremptoire : « Il est interdit de naviguer à la voile dans le port !!! ». Qu’on se le dise ! Mais sans moteur il n’y eut, malheureusement, pas beaucoup de choix…

Quatre empannages entre jetées et darses
et le bateau retrouvait sa place.

Mais ce n’est pas là le but de mon propos.

J’en reviens donc à ce fameux dimanche d’août. Beaucoup de vent, force 5+ à 6, creux de 1 à 1,5 mètres (je n’exagère pas). Nous, dont les quatre-vingt quinze kilos – presque un quintal – de notre ami Christian, n’étions pas de trop. Enfin, peut-être pas, car c’est de sa faute, à lui, s’il arriva ce qui devait arriver. Il faut bien un coupable, non ?

Quoi qu’il en soit, nous avons quitté le port, traversé le golfe en direction de Saint-Tropez, et retour, au rappel tous les trois. Quelques incidents ayant bien évidemment émaillé notre parcours : manilles rebelles, bouts récalcitrants, la routine…
Il y en a pour dire que le dériveur, c’est le pied ! Oui, lorsque celui-ci reste bien calé dans la sangle de rappel ! A notre deuxième tour, crac, et patatras : un, deux, trois à l’eau. Elle était bonne. L’eau, pardi, pas la sangle dont la couture avait cédé et qui donc, par conséquent, ne l’était pas…

Puis de rattraper promptement,
le couvre-chef de Christian !

Hilarité presque générale. Je dis « presque » car le seul qui riait, c’était moi, chemise sur le dos et chaussures encore aux pieds… Mais cela ne fut que de courte durée. Allait-on, au beau milieu du golfe, finir en pâtée-macaroni (jeu de mots obsolète pour P. P.) pour poissons, découpés en tranches par une cigarette ? Car il en suffit d’une...

... Et les miennes flottaient, humides...

Et d’agiter, frénétiquement,
la casquette rouge de Christian…

Heureusement, Pierre a réussi à s’accrocher au dériveur et, par miracle, à se retrouver à bord. Il a descendu les voiles et (il) mit le moteur. Il était loin !!! Un cabin-cruiser passait par-là. Par hasard. Le timonier était probablement un Belge, et avait, sans nul doute, compris la manœuvre de repêchage de l’homme à la mer, dans le mauvais sens. Même un champion du monde de natation n’aurait pu rattraper le bateau à la dérive, sous le vent. Après plusieurs tentatives Christian réussit à grimper dessus (le petit navire, car il en était un) tandis que je pataugeais toujours, lamentablement. Pierre et son Sprinto arrivèrent, ensemble, et je me hissais, harassé, à bord. Le moteur fonctionnait !

La récupération du quintal, plus léger sans ses lunettes de soleil, ne fut pas triste non plus. Le blaireau (Synonyme de Belge, en français. Dans l’hémisphère sud, on dit pingouin) motorisé n’était guère plus doué qu’auparavant… et Christian, au vent, a bien, et longtemps, nagé.
Rentrée au moteur, et égouttage de l’équipage devant un bon demi réparateur.